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Frère Léon, 100 ans, 81 ans de vie religieuse et 76 ans de sacerdoce

Le Père Léon Gahier, Capucin, prêtre ouvrier à la retraite, a rejoint la Maison du Père le mardi 16 juin.

"Père Léon" pour les uns, "Frère Léon" pour les autres, ou tout simplement "Léon", était Capucin, prêtre ouvrier dans notre Diocèse et militant syndicaliste assumé. Il s'est éteint il y a quelques jours dans sa chambre de la Maison de Retraite "La Source" ; sa sépulture a été célébrée mardi 16 juin en l'église du Christ Roi, par Mgr Vincent Jordy, Archevêque de Tours.

Nous vous proposons de découvrir ci-dessous deux témoignages poignants : le premier de ses Frères Mineurs Capucins ; le second de Monsieur Gérard GAUME pour la CGT, mouvement syndical dans lequel Léon était très engagé depuis de nombreuses années.

 

 

 

 

Témoignage des Frères Mineurs Capucins (Province de France) :

 

 

Notre Frère  Léon GAHIER  est né le 15 décembre 1919 à Rougé (44), second d’une fratrie de six enfants, trois frères et deux sœurs dont une religieuse, dans une famille profondément chrétienne dont le père était journaliste.  A l’approche de ses 18 ans, et après avoir rencontré des capucins, il est entré au noviciat au Mans le 16 septembre 1937, prenant le nom de  frère Rogatien et il y a prononcé ses premiers vœux le 17 septembre 1938. Il a accompli ses études de philosophie et de théologie au couvent de Nantes où il a émis ses vœux perpétuels le 29 novembre 1941 et a été ordonné prêtre le 19 mars 1044 à Nantes.

 

 

Dès 1946, à 25 ans, avec les frères Césaire, André-Hubert, il participe à la création d’une fraternité à Nanterre dans le bidonville de Petit Colombes et de Petit Nanterre.  Ils sont en lien avec le Père Michonneau et  les premiers prêtres ouvriers de la Mission de Paris. Il trouve du travail dans trois entreprises, il y découvre le travail manuel, la vie misérable et besogneuse, « la lutte des classes », le syndicalisme à la CGT, l’incroyance, mais au bout de 3 ans, en 1949, pour raison de santé, il doit revenir au couvent de Tours  Il est alors au service de militants chrétiens de divers syndicats en ACO, JOC et avec la « Mission Ouvrière de Tours » récemment créée par l’Abbé Pineau. En 1952, Mgr Gaillard  l’envoie comme prêtre ouvrier à Tours.  Il trouve un emploi dont il sera licencié pour activité syndicale. Il en trouve un autre mais en 1954 « Rome supprime les Prêtre Ouvriers ». Auprès des copains, il fera figure de « lâcheur » pour obéir au Pape. Il reprend du service auprès des militants ACO qui n’ont pas « lâché », mais pour vivre il travaille dans une ferme puis devient chiffonnier dans  le quartier dévasté par la guerre du vieux Tours où il découvre « un peuple miséreux, bruyant, dur et fraternel ». Un an avant la fin du Concile et l’autorisation en octobre 1965 du retour des prêtres ouvriers, Mgr l’archevêque le renvoie en usine.

 

 

Jusqu’à la retraite en 1980, militant ardent, il passera par plusieurs entreprises, licencié 6 fois pour action syndicale, dans le bâtiment où il obtenu un CAP, le commerce, la manutention. Il a milité 12 ans au parti socialiste qu’il a quitté, estimant qu’il n’était pas assez proche des travailleurs.

 

 

Durant ce parcours aux divers engagements, Léon a été 6 ans membre de l’équipe nationale des prêtres ouvriers, est resté en lien avec les frères des petites fraternités au travail, et avec le réseau des sœurs et frères de la famille franciscaine en monde ouvrier. Mais le temps de la retraite, ce sera aussi celui de l’insertion dans la vie quotidienne d’un quartier avec les relations ordinaires ou spontanées que créent les circonstances et l’attention aux autres, et il y prendra des responsabilités.

 

 

En ces derniers jours, Frère Léon a ressenti douloureusement le temps du confinement en raison du manque de relations. La veille, il a fait un aller-retour à l’hôpital où on l’a examiné, et, bien fatigué, il est décédé dans la nuit suivante.  Nous nous associons à la peine et à la prière de sa famille et disons notre merci reconnaissant à tous ceux et celles  qui l’ont entouré, pris soin de lui, et aussi notre espoir en un monde meilleur à tous ceux qui ont partagé sa passion pour plus de justice et de mieux vivre en humanité.

Tout au long de sa vie, Frère Léon n’a pas caché sa foi ni sa qualité de prêtre, et en homme libre, respectueux des opinions de chacun, il s’est adressé à ses camarades et à ses amis, « à ceux qui croient au ciel et à ceux qui n’y croient pas », disait-il, pour les inviter à fêter tant ses 75 ans de sacerdoce que son centenaire en octobre dernier.

Avec sa grande sensibilité humaine et franciscaine pour les personnes en quelque souffrance, qu’il exprimait aussi dans ses poèmes, il restera vivement d’une grande proximité, porteur d’un message pour beaucoup, et un témoin, à la mesure de chacun. Que Dieu soit sa JOIE !

« A vous tous…PARDON.   A vous tous…MERCI.   A vous tous…A BIENTÔT »  Fr Léon Gahier. Fr. Min Cap -P.O.

 

Témoignage de Monsieur Gérard GAUME (CGT) :

 

 

 

 

"Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Maître !" (Mt 25, 23)