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Episcopat

Mgr Pontier a ouvert l'assemblée plénière des évêques de France ce mardi 15 mars à Lourdes. Voici quelques extraits de son discours...

Le Jubilé de la miséricorde, les catéchumènes et les chrétiens persécutés

En cette année du Jubilé de la miséricorde, nous rendons grâce pour ce Dieu «  lent à la colère et plein d’amour ». « Tout en Lui parle de miséricorde. Rien en Lui ne manque de compassion », écrit le pape François dans la bulle d’indiction de ce jubilé (n°8). Et il ajoute encore : « L’Église a pour mission d’annoncer la miséricorde de Dieu, cœur battant de l’Évangile, qu’elle doit faire parvenir au cœur et à l’esprit de tous. » (n°12) Dans nos différents diocèses, l’ouverture de la Porte de la Miséricorde a été célébrée en présence de nombreux fidèles. Nous nous en réjouissons et y voyons le désir que cette Année Sainte soit pour nos Églises particulières « un moment extraordinaire de grâce et de renouveau spirituel. »


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Annoncer le Dieu de miséricorde dans les souffrances de ce monde :Aux Réfugiés en Europe

Cette année de la miséricorde marque la manière dont nous regardons ce qui se passe dans notre pays et ailleurs. Nous voudrions annoncer partout le Dieu miséricordieux, proche, débordant de compassion. Le Pape François nous encourage toujours en ce sens. Il écrit encore « Au cours de ce jubilé, l’Église sera encore davantage appelée à soigner ces blessures, à les soulager avec l’huile de la consolation, à les panser avec la miséricorde et à les soigner par la solidarité et l’attention » Et il poursuit en parlant des blessures de tant de frères et de sœurs : «  Que nos mains serrent leurs mains et les attirent vers nous afin qu’ils sentent la chaleur de notre présence, de l’amitié et de la fraternité. Que leur cri devienne le nôtre et qu’ensemble nous puissions briser la barrière d’indifférence qui règne souvent en souveraine pour cacher l’hypocrisie et l’égoïsme» (n°15).

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Après les attentats : quelle société ?

Les attentats perpétrés en région parisienne en 2015 ont manifesté la vulnérabilité de nos sociétés et la folie meurtrière dont des hommes sont capables. Une grande solidarité nationale s’est manifestée, mais aussi un sentiment larvé d’impuissance et de peur. Nos responsables politiques ont estimé devoir prendre des mesures de sécurité à la hauteur du danger potentiel. Une réflexion s’est ouverte pour inviter à trouver la juste réponse au risque encouru sans tomber dans des excès qui donneraient la victoire à ceux qui cherchent à nous faire vivre dans la peur ou la division. Souvent ceux qui commettent de tels actes disent le faire au nom d’Allah. Cela ne manque pas d’entrainer des sentiments variés dans la communauté nationale. Cela peut aller du profond malaise à la condamnation de la part des citoyens français de confession musulmane. Cela peut amplifier les peurs que d’autres ressentent par rapport à l’Islam, considéré comme une religion qui serait incompatible avec les valeurs de notre République et de notre histoire. Ici encore se pose à tous les citoyens français la question de la société que nous voulons construire. Nous sommes engagés dans un débat profond, fondamental et nécessaire. La confiance les uns dans les autres doit s’approfondir. L’appartenance à une même nation doit s’appuyer sur un amour commun de notre histoire et de notre aujourd’hui marqué par des diversités entre citoyens plus grandes qu’il y a quelques années. La laïcité invoquée souvent comme la référence ultime ne suffit pas à donner confiance à tous ceux qui ne se sentent pas reconnus dans leurs convictions religieuses ou philosophiques. Le respect nécessaire entre français ne peut pas se fonder sur l’interdiction d’exprimer ses convictions profondes. Ce serait faire le nid des fondamentalismes redoutés. Nous voulons une fois encore plaider en faveur d’un dialogue confiant et exigeant entre nous, tout particulièrement entre chrétiens et musulmans. Le concile Vatican II nous y a conviés et depuis ce temps, l’Église l’encourage et s’efforce de le vivre. Nous-mêmes durant ces jours nous allons échanger sur cette question du dialogue avec les musulmans et poursuivre ensemble notre discernement pastoral. Nous regarderons comment il se déroule, ce qu’il nécessite, les formes qu’il prend, les clarifications qu’il nécessite. L’année 2016 est aussi celle du centenaire de la mort de Charles de Foucauld à Tamanrasset et celle des vingt ans de l’assassinat des moines de Tibhirine. Demandons-leur de soutenir notre recherche du bon positionnement dans ce dialogue nécessaire, complexe et riche.

Notre travail au sujet de la pédophilie

La pédophilie est ces jours-ci remise au cœur de l’actualité médiatique à-travers une histoire ancienne dont les douleurs des victimes que je salue en votre nom restent vives. Une enquête est ouverte à Lyon au sujet des comportements d’un prêtre voici plus de vingt ans et sur les éventuelles responsabilités des autorités ecclésiastiques. Le cardinal Philippe Barbarin a dit clairement son engagement et celui du diocèse à travailler loyalement avec la justice. Je tiens à l’assurer de notre prière et de notre amitié.
Cette question douloureuse de l’attitude de l’Église face à la pédophilie a occupé une partie importante de notre travail lors des deux dernières assemblées de notre épiscopat ici même à Lourdes. Des cas épars, récents ou plus anciens, apparaissent encore chaque année dans nos diocèses. Notre engagement est clair et partagé par nous tous : privilégier l’accueil des victimes et de leurs familles, les inciter à porter plainte, engager les procédures canoniques contre les auteurs de ces actes et travailler en toute loyauté avec la justice de notre pays. Les règles, les bonnes pratiques et les mesures de prévention et d’éducation que nous avons mises en place sont sans équivoque. La cellule de veille sur la pédophilie continue son travail pour répondre aux éventuelles questions nouvelles qui pourraient se poser et pour apporter une aide aux évêques qui le souhaiteraient, notamment pour l’accueil et l’écoute des victimes.
Je tiens à redire ici, en notre nom à tous, que les évêques de France ont une volonté : faire la vérité pour les victimes. C’est cette priorité qui doit guider toutes nos actions dans ces affaires si douloureuses.

Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et Président de la Conférence des évêques de France

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