Aller au menuAller au contenu

Migrants

La révélation biblique encourage l’accueil de l’étranger, en le motivant par la certitude qu’en agissant ainsi on ouvre les portes à Dieu lui-même... Ainsi s'exprime la pape à l'occasion de la 102e journée mondiale du migrant et du réfugié, le 17 janvier. Voici son message...

Chers frères et sœurs !

Dans la bulle d’indiction du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, j’ai rappelé qu’« il y a des moments où nous sommes appelés de façon encore plus pressante, à fixer notre regard sur la miséricorde, afin de devenir nous aussi signe efficace de l’agir du Père » (Misericordiae Vultus, n. 3). L’amour de Dieu, en effet, entend atteindre tous et chacun, en transformant ceux qui accueillent l’étreinte du Père en autant de bras qui s’ouvrent et qui étreignent afin que quiconque sache qu’il est aimé comme fils et se sente « chez lui » dans l’unique famille humaine. De la sorte, l’attention paternelle de Dieu est bienveillante envers tous, comme celle du pasteur avec ses brebis, mais elle est particulièrement sensible aux besoins de la brebis blessée, fatiguée ou malade. Jésus-Christ nous a parlé ainsi du Père, pour nous dire qu’il se penche sur l’homme blessé par la misère physique ou morale et, plus ses conditions s’aggravent, plus se révèle l’efficacité de la miséricorde divine.

À notre époque, les flux migratoires sont en constante augmentation en tout lieu de la planète: les réfugiés et les personnes qui fuient leur patrie interpellent les individus et les collectivités, défiant leur mode de vie traditionnel et bouleversant parfois l’horizon culturel et social auquel ils sont confrontés. Toujours plus souvent, les victimes de la violence et de la pauvreté, abandonnant leurs terres d’origine, subissent l’outrage des trafiquants de personnes humaines au cours du voyage vers leur rêve d’un avenir meilleur. Si elles survivent aux abus et aux adversités, elles doivent ensuite se heurter à des réalités où se nichent suspicions et peurs. Très souvent, enfin, elles doivent faire face à l’absence de normes claires et pratiques pour réglementer leur accueil et pour prévoir des itinéraires d’intégration à court et à long terme, avec une attention aux droits et aux devoirs de tous. Plus que par le passé, l’Évangile de la miséricorde secoue aujourd’hui les consciences, empêche que l’on s’habitue à la souffrance de l’autre et indique des chemins de réponse qui s’enracinent dans les vertus théologales de la foi, de l’espérance et de la charité, en se déclinant en œuvres de miséricorde spirituelle et corporelle.

A partir de ces constatations, j’ai voulu que la Journée mondiale du Migrant et du Réfugié de 2016 soit consacrée au thème suivant : « Les migrants et les réfugiés nous interpellent. La réponse de l’Évangile de la miséricorde ». Les flux migratoires sont désormais une réalité structurelle et la première question qui s’impose concerne la façon de dépasser la phase d’urgence pour faire place à des programmes qui tiennent compte des causes des migrations, des changements qui se produisent et des conséquences qu’impriment de nouveaux visages aux sociétés et aux peuples. Chaque jour, cependant, les histoires dramatiques de millions d’hommes et de femmes interpellent la Communauté internationale face à l’apparition d’inacceptables crises humanitaires dans de nombreuses régions du monde. L’indifférence et le silence ouvrent la voie à la complicité quand nous assistons en spectateurs aux morts par étouffement, par privations, par violences et par naufrages. De grandes ou de petites dimensions, il s’agit toujours de tragédies quand bien même une seule vie humaine est perdue.

Les migrants sont nos frères et sœurs qui cherchent une vie meilleure loin de la pauvreté, de la faim, de l’exploitation et de la répartition injuste des ressources de la planète qui devraient être divisées équitablement entre tous. N’est-ce pas le désir de chacun d’améliorer ses conditions de vie et d’obtenir un bien-être honnête et légitime, à partager avec les êtres qui lui sont chers ? En ce moment de l’histoire de l’humanité, fortement caractérisé par les migrations, la question de l’identité n’est pas une question d’une importance secondaire. Celui qui migre, en effet, est contraint de modifier certains aspects qui définissent sa personne et, même s’il ne le veut pas, force celui qui l’accueille à changer. Comment vivre ces mutations, afin qu’elles ne deviennent pas un obstacle au développement authentique, mais soient une opportunité pour une authentique croissance humaine, sociale et spirituelle, en respectant et en favorisant les valeurs qui rendent l’homme toujours plus homme, dans un juste rapport avec Dieu, avec les autres et avec la création ? De fait, la présence des migrants et des réfugiés interpelle sérieusement les diverses sociétés qui les accueillent. Elles doivent faire face à des faits nouveaux qui peuvent se révéler délétères s’ils ne sont pas correctement motivés, gérés et régulés. Comment faire pour que l’intégration se transforme en un enrichissement réciproque, ouvre des parcours positifs aux communautés et prévienne le risque de la discrimination, du racisme, du nationalisme extrême ou de la xénophobie ?

La révélation biblique encourage l’accueil de l’étranger, en le motivant par la certitude qu’en agissant ainsi on ouvre les portes à Dieu lui-même et que sur le visage de l’autre se manifestent les traits de Jésus-Christ. De nombreuses institutions, associations, mouvements, groupes engagés, organismes diocésains, nationaux et internationaux font l’expérience de l’émerveillement et de la joie de la fête de la rencontre, de l’échange et de la solidarité. Ils ont reconnu la voix de Jésus-Christ : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe » (Ap 3, 20). Pourtant, les débats sur les conditions et sur les limites à poser à l’accueil ne cessent de se multiplier, non seulement au niveau des politiques des Etats, mais aussi au sein de certaines communautés paroissiales qui voient leur tranquillité traditionnelle menacée.

Face à ces questions, comment l’Eglise peut-elle agir, sinon en s’inspirant de l’exemple et des paroles de Jésus-Christ ? La réponse de l’Évangile est la miséricorde.

Pape François

Pour lire la suite, cliquez ici .

A NOTER : à l'occasion de la journée mondiale des migrants, une messe diocésaine sera célébrée par Mgr Aubertin, dimanche 17 janvier en l'église St-Etienne de Chinon,  à 11h. Elle sera suivie d'un repas partagé.