Message de Mgr Vincent Jordy aux Diocésains de Tours
Message de Pâques aux diocésains
de Tours
Tours, le 12 avril 2020 Dimanche de Pâques
Frères et sœurs, chers diocésains,
Voilà que nous sommes arrivés au cœur de l’année liturgique avec la fête de Pâques qui vient. Cette année, nous la vivons dans un contexte tragique, celui du confinement lié à la terrible pandémie qui frappe le monde.
Ce moment difficile nous donne à voir le pire, c’est-à-dire notre grande fragilité à travers ceux qui subissent la maladie, ceux qui perdent la vie, ceux qui ne peuvent accompagner leurs proches dans la maladie ou au moment de leur inhumation. Mais elle nous donne surtout à voir le meilleur depuis plusieurs semaines : le formidable engagement des soignants, ces hommes et ces femmes qui ont fait le choix de mettre toute leur énergie au service des autres ; la persévérance de ceux et celles qui par leur métier souvent méprisé et oublié permettent à notre pays de vivre ; le bel élan de solidarité, d’inventivité qui au-delà des distances sociales crée du lien et de la solidarité. Notre vulnérabilité est devenue l’occasion d’une prise de conscience qui vient remettre de l’ordre dans nos priorités, qui vient ré-éclairer l’essentiel et l’accessoire.
Au cœur de ce moment difficile, notre Eglise dont la racine du mot signifie « assemblée » souffre particulièrement de ne pouvoir vivre ce qui la constitue ordinairement : nos célébrations dominicales, la liturgie qui rythme sa vie, les rencontres et les échanges qui enrichissent sa vie. Pourtant dans ce temps préparatoire à la fête de Pâques, notre Eglise n’a pas cessé de continuer à prier, à nourrir notre foi et à porter l’espérance concrètement par un vrai souci des autres et particulièrement des plus fragiles. Que tous ceux, prêtres, religieux et religieuses, fidèles laïcs, qui sont à l’origine de toutes les initiatives permettant à notre Eglise de vivre ainsi depuis des semaines, sur internet, à la radio ou autrement, soient profondément remerciés pour leur foi, leur espérance et leur charité.
Cela nous permet au cœur de ce temps qui demeure difficile de vivre vraiment et profondément le cœur de notre foi chrétienne, la mort et la résurrection de Jésus. Si nous croyons que Jésus est passé par la mort pour être relevé le matin de Pâques, nous croyons aussi que tout ce qui aujourd’hui semble disparaitre, se fragiliser, renaîtra et vivra porté par l’espérance que nous donne le Christ vainqueur du mal et de la mort. Cela veut dire que si le contexte de pandémie est vraiment tragique, il n’aura cependant pas le dernier mot.
Aux JMJ de Rome en l’an 2000, un intervenant disait : « La vie est une tragédie traversée par la lumière de la grâce ». Et cela change tout. C’est cette lumière de la grâce qu’il nous faudra porter au-delà de Pâques pour nous relever, rebâtir, et reconstruire. Mais cela suppose de ne pas oublier alors ce que nous aura appris ce moment difficile sur nous-mêmes et sur le monde. La foi d’Israël repose sur la mémoire. Notre foi chrétienne repose elle aussi sur la mémoire : « Souviens-toi de Jésus Christ ressuscité d’entre les morts ».
Que le message d’espérance et de joie de la victoire du matin de Pâques demeure présent en nous, qu’il habite notre mémoire pour fortifier notre présent et nous donner la force et la lumière d’espérer et de vivre demain. Que cette joie de Pâques vous rejoigne tous.
‡ VINCENT JORDY
ARCHEVÊQUE DE TOURS